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A.P. de la contemplation: Cashback (deuxième partie)

Reprenons.
Tout lecteur ayant séché la semaine dernière devra rattraper avant la lecture de ce qui suit.

On en était donc à notre charmant petit héros, Mister Olivier Dubois, qui vit dans un temps qui se dilate au point de se figer pendant ses heures d’insomnie occupées à passer la serpillère dans le supermarché de nuit.

Lorsque le temps se fige, il fait tout de même un cadeau inestimable à notre jeune artiste peintre: il lui donne l’occasion de prendre tout le temps nécessaire pour travailler, à sa guise, sur des modèles parfaitement immobiles.


Dans ce monde en pause, il redécouvre un concept qui semble à tous à la fois immédiat et inexplicable: la beauté artistique.

Il met à profit ce temps figé pour recommencer son travail d’étude de la beauté. Il dessine, encore et encore, tous les corps qui lui sont offerts par ce point d’orgue temporel. Il a le temps, enfin, de vraiment travailler, d’aller au plus loin dans sa recherche de la représentation du bel art. De regarder, vraiment.

Et voilà à quoi ressemble le supermarché au cours des parenthèses temporelles et picturales d’Olivier

Y a comme un truc changé…

Bon on n’en est qu’à 28 minutes de film donc je passe tout le milieu, ça vous laissera plus de surprises. Car il y en a, et pas qu’un peu!!

Après avoir tâtonné dans son travail, sa quête s’éclaircit enfin. Son sujet d’étude se révèle à lui.

Au détour d’un café, cette charmante demoiselle lui explique sa vision du peintre. Et donc de l’art pictural. Elle tient en particulièrement haute estime la capacité d’un peintre à voir la beauté cachée en toute chose, de la capturer et de l’exposer à tous. Elle lui donne la clé de son but artistique. Et elle lui apporte même le moyen d’y parvenir.

Even though it’s happenning slow, I just feel that my life’s ticking away, a second at a time.
Mais, ma bonne dame, ça tombe fichtre bien!! Justement, lui, il peut faire ce qu’il veut de ces secondes, il peut les arrêter juste pour toi! Et le voilà qui s’exécute, partant à la recherche de toute la beauté qu’elle recèle.

Regardez-moi ça comme il est content.

Alors c’est parti. Il la dessine, la croque, la peint, l’explore, la scrute. Il capture pendant des heures sa beauté et tente de la retranscrire.

Il en vient même à exposer son ? »uvre, à rendre visible à tous sa perception de la beauté de son sujet.

(Hou, comme elle hallucine…)

Et c’est là qu’on obtient notre réponse à la question initiale de notre petit Olivier sur l’amour. Il n’est pas besoin de le définir ni de l’identifier par une quelconque critère. Non, il est là en permanence, reconnaissable sans aucun effort ni la moindre analyse. La difficulté, c’est de le voir, tout simplement. De le regarder, caché derrière chaque scénette, chaque seconde de nos vies. L’amour n’est pas difficile à comprendre, il est juste difficile à voir, à capturer. Il est timide, se cache, se fond dans le décor. Et si on ne prend pas suffisamment de temps pour essayer de l’apercevoir, on peut le rater. Comme le caméléon dans les branchages, il faut observer la verdure vraiment longtemps et avec la plus grande attention pour voir apparaître l’animal.

Voilà le beau cadeau qu’a fait le temps à Olivier: il ne répond pas à sa question initiale Qu’est l’amour?, mais il lui offre le temps, les instants nécessaires pour comprendre que sa question était obsolète, caduque. La question n’est pas « quoi », mais « où ».

La clé, c’est le moment de la contemplation. C’est pour ça que les artistes ont toujours eu ce petit avantage sur nous, pauvres cafards… Joli!

Posted by on Juin 26, 2008 in Choix et reviews du Dark Side | 4 comments

4 Comments

  1. J’avoue que c’est frustrant. J’aime tellement de choses dans ce film, il paraît presque impossible de lui rendre justice… Une troisième partie aurait été la bienvenue, tout comme une quatrième, une cinquième, etc… Mais bon, faut bien savoir trancher aussi. Bravo en tout cas d’avoir essayé, bien ouej ! 😉

    (Et que c’est bon de lire cette prose !)

  2. Bravo, quelle belle review…. 🙂

  3. C’est vrai, il y a énormément de choses dont je ne parle pas, mais je ne voulais pas tout dévoiler. J’avais un peu comme but de donner envie aux gens de voir le film, et trop en dire me semblait un peu cruel. Autant se faire une idée pas trop dirigée par ce qu’on a pu lire auparavant.
    C’est pour ça que j’ai choisi de traiter un seul thème, la contemplation. C’est quand même un peu central dans le film, et fait office de fil rouge.
    Bien contente que ça vous ait plu!!!
    (Sorci tu l’as vu finalement??)

  4. Alors, en fait, j’ai vu le début, et j’étais tellement bien (et tellement fatiguée) que je me suis endormie dessus comme une bienheureuse (ce qui est bon signe, je précise). Donc il faut que je voie la fin. Mais avec mon geek de frère à la maison, c’est un peu compliqué…

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