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208 : A day in the death

Je ne vais pas en faire des caisses et des caisses parce que je suis fatiguée… mais il est d’une évidence absolue que j’ai adoré cet épisode. Il est magnifique. Et tout du long j’ai souffert avec Owen parce qu’il est confronté à un choix terrible qui n’en est même pas un : accepter sa propre mort… ou ? Ou rien. Ou devenir fou.
Sa souffrance est à la fois inédite et universelle. C’est là que Torchwood arrive à marquer des points à chaque fois : en transposant à des situations complètement improbables des sentiments d’une réalité saisissante.

Pour ne rien gâcher, cet épisode est superbement construit. Avec un début qui est en fait une fin. Et pourtant, on arrive à nous surprendre. L’épisode commence en voix-off. Owen nous raconte sa vie dans la mort. Une vie qui n’en est pas une, où il faut renoncer à tous les mécanismes du quotidien, ceux qui définissent la vie de tous les jours. Ceux qui sont nos repères. Ceux qui nous rassurent.

(Que ceux qui ne trouvent pas rassurants les petits gestes du matin lui jettent la première pierre… tombale.)

On le retrouve dans le présent, perché sur le toit d’un immeuble, les jambes dans le vide, aux côtés d’une suicidaire.

Owen : So… you’re ready to jump ?

Ce sera le fil rouge de l’épisode. Jusqu’à ce qu’on découvre ce qu’il fait là-haut, au terme d’une conversation où chacun va partager avec l’autre les tristes raisons de sa présence.

Et puis à côté de ça, il y a la découverte de ce nouvel état…

Oui, les muscles fonctionnent, curieusement, même si le coeur ne bat plus…

Et non, les blessures ne cicatrisent plus, même s’il ne sent rien. J’ai trouvé fabuleux ce paradoxe : Owen ne peut plus mourir… et pourtant il est plus fragile qu’il ne l’a jamais été. Chaque bleu, chaque os brisé, chaque meurtrissure restera à jamais gravé dans sa chair glacée. Ca m’a foutu un bourdon magnifique.

Inutile de dire que ce n’est rien à côté de son bourdon à lui.
Et puis il y a pire, encore. Il y a l’impuissance de ses collègues qui se transforme en indifférence parce que c’est la meilleure manière de gérer un tel choc. C’est d’une humanité incroyable. Alors on écarte Owen. On lui fait préparer le café. On le protège, mais on l’enfonce. On le tue un peu plus encore.

Aucun autre personnage n’aurait pu souffrir autant de cette déchéance. Le voir prêt à jouer les bonniches pour rester à Torchwood, c’est quand même super puissant. Et comme ça reste Owen, c’est bien sûr par l’agressivité qu’il répond. Une agressivité qu’il commence par retourner contre Martha qui lui a volé son job, puis contre Ianto brusquement monté en grade.

Owen : Bet you’re loving this aren’t ya ? It’s like you finally won.
Ianto : I didn’t realise we were in competition.
Owen : Oh, come on. Even Tosh had more of a life than you used to. Now you’re always out on missions, you’re shagging Jack and I’m stuck here making the coffee !
Ianto : It’s not like that. Me and Jack.

Avant bien sûr de la retourner contre lui-même lorsque Jack le renvoie chez lui. Pour quoi faire ? Rien. Il ne peut même pas dormir. La scène où il se retrouve dans son appart m’a parue incroyablement familière. J’ai eu l’impression de me voir dans mes phases de déprime noire. Tourner en rond les bras ballants…

Mettre de la musique…

Et tout jeter dans une tentative de renoncement à tout ce qui est inutile. Owen, lui, essaye de se débarrasser de son ancienne vie. Enfin, de sa vie tout court.

J’ai également trouvé la scène où Tosh vient lui rendre visite d’une vérité incroyable. Pourquoi venir ? Pour se dédouaner ? Pour dire « je suis venue » ? Et bouffer sa pizza devant Owen en s’apitoyant sur son propre sort ? Sans même voir qu’il n’écoute rien de son babillage et qu’il est en train de se noyer dans sa dépression, d’échapper totalement à tout ce qui l’entoure…

Argh. C’est d’une cruauté d’autant plus absurde qu’elle est terriblement involontaire. Pas étonnant que dans un élan désespéré, après s’être cassé volontairement un doigt sous les yeux effarés de Tosh pour lui montrer ce que c’est que d’être brisé, il s’enfuie en courant pour aller se flanquer dans le port. Où bien sûr il ne réussira jamais ni à se noyer ni même à produire la moindre bulle. (Oh, comme ça a été sympa à filmer, ça. Sous l’eau sans faire de bulles… intéressant concept pour un acteur.)

Heureusement que Captain Jack nous sort LA réplique de l’épisode lorsqu’Owen réalise que celui-ci attendait qu’il remonte de son petit voyage sous-marin.

Captain Jack : Skinny guy in tight jeans runs in the water ? I was taking pictures !

Et puis tout bascule d’une manière très simple. Le repositionnement d’Owen dans l’équipe. Logique, indispensable, inévitable. Dans ces moments où l’on se sent comme un déchet, rien de tel que de se dire qu’on peut encore être utile…

Owen : Sounds like you need a dead man.

Et ouais. C’est vrai qu’un mec mort, pour échapper aux capteurs de chaleur du système de surveillance d’une baraque de millionnaire, ça aide.
Le plus fou, c’est qu’on se retrouve là avec l’antithèse absolue de Captain Jack, le mec pour lequel on ne craint pas la moindre balle, pas la moindre foulure. Là, on tremble à l’idée qu’Owen puisse tomber dans l’escalier et se casser une patte. Vivre sa vie de mort dans un fauteuil roulant, ptain, ce serait ballot !

Mission d’Owen, donc : récupérer un objet alien qui produit une inquiétante source d’énergie et qui risque de tout faire péter. Un objet qui est aux mains d’un vieux très malade qui renvoie à Owen une image de la mort qui va complètement changer sa manière de voir les choses.

C’est en constatant la peur qu’à ce pauvre vieux de mourir, jusqu’à croire que cet artefact le maintient en vie et à projeter sur lui tous ses espoirs de guérison que ça va faire chboum là-dedans. Et c’est aussi en ne parvenant pas à le sauver tout simplement parce qu’il n’a plus l’ombre d’un souffle dans ses poumons (ce qui peut servir quand on veut faire du bouche-à-bouche lors d’un massage cardiaque) qu’il va se prendre son électrochoc : il lui est permis d’échapper au grand néant, celui qui terrorise tant de gens, alors pourquoi ne pas en profiter ?

Voilà comment Owen va embrasser sa nouvelle vie qui n’en est pas une. Et sauver du suicide une femme désespérée. Car si au début de cet épisode on croit qu’Owen, poussé par une pulsion destructrice, est monté sur le toit de l’immeuble pour sauter lui aussi, point du tout. C’est pour sauver cette pauvre fille à qui un accident de voiture a tout pris… et surtout son mari, une heure à peine après qu’elle l’ait épousé.

Snirfl. C’est vraiment superbe.

Double bonne nouvelle, on nous renvoie la Martha dont on n’a plus besoin puisqu’Owen reprend ses fonctions. Et voyez comme ça s’enhardit vite, ces petites bêtes-là !

Petit bémol en ce qui me concerne : le piétinage constant de Toshiko à qui j’ai envie de balancer des torgnoles que les paluches me démangent comme c’est pas permis.
Bon, sur le coup, on a bien cru que l’appareil de pépé allait exploser et qu’Owen allait disparaître. Cette pintade enfarinée lui refait donc le coup du « I love you » qui commence à sérieusement sentir le moisi, si je puis me permettre. Et puis à la fin, hop, faisons comme si de rien n’était, et surtout, surtout, mon lapin, maintenant, tu me dis quand ça va pas, hein ?

Mais il lui manque une case, ou quoi ?
J’ai presque regretté l’ancien Owen. Celui-là lui aurait balancé une bonne réplique cinglante dans les gencives, ça nous aurait fait des vacances.
Pffff…

Enfin bref, le reste est tellement magnifique que ça n’a même pas réussi à me gâcher quoique ce soit.
Et je sais qu’il y a encore des milliards de choses que j’aurais pu dire de cet épisode (le rôle de Gwen, par exemple, véritable leader de Torchwood, semble-t-il, m’a laissée sur le cul), mais je ne peux pas parler de tout… surtout quand ça fait quatre ou cinq jours que j’ai vu cet épisode et que j’ai pris aussi peu de notes vu comment j’étais dedans.
En tout cas, waouh. Quelle claque. Je n’en reviens pas qu’ils aient réussi à retomber aussi bien sur leurs pattes, parce que la planche était quand même sacrément savonneuse.
J’aime les séries qui prennent ce genre de risques. Bravissimo.

Posted by on Mar 29, 2008 in Torchwood | 13 comments

13 Comments

  1. Raaaah, mais cépapossib’ ça, il fallait qu’elle craque celle là …
    En tous cas je plussoie, le ressenti d’Owen est très travaillé et très réaliste, chapal les gars.

  2. Qu’elle craque celle-là ?

  3. Ah ! Mmmmh…

  4. Et voilà comment ils vont jusqu’à nous caser la nécrophilie ! LOL Non, c’est pas drôle…

    Tain les images de Maggie et sa robe couverte de sang, ça me glace le mien… Donna, à côté, c’est de la gnognotte…

  5. ce que j’ai adoré aussi dans cet épisode, c’est la tronche de Ianto quand Jack dit à Owen qu’ils ont besoin de café…il a l’air effrayé le pauvre arf LOL

    en tout cas j’ai failli chialé, Owen m’a fait vraiment de la peine (et quelle performance)

  6. Gorman est magistral dans cet épisode, il arrive à faire passer des tonnes d’émotions. J’admire son personnage, il a tout perdu, c’est une âme blessée mais c’est avant un super docteur et ça on ne pourra jamais lui enlever d’ou sa frustation quand il ne peut sauver le vieil homme, et qu’il espère de pouvoir sauver la fille.
    Du tres bon torchwood, qui n’epargne pas les personnages.

  7. C’est surtout le parallélisme entre ce qu’est Owen par la faute de Jack et ce qu’est Jack par la faute de Rose qui est stupéfiant.
    L’un ne peut mourir mais continue à vieillir tandis que l’autre ne peut pas mourir mais peut être abimé de partout.

    C’était ça qui m’avait le plus saisie sur le moment du visionnage de l’épisode.

    Quant à Martha, je la trouve plus à sa place dans Torchwood qu’avec le Doctor. Maintenant imaginez elle et Gwen ensembles 🙂 Ca serait la fin du monde de Jack 🙂

  8. Ca t’avais saisie parce que je venais de reviewer la fin de la saison 3 de Doc Who, non ? Moi, sachant à l’époque qu’Owen allait mourir et revivre, j’y avais également tout de suite pensé. Si on éloigne les deux séries, c’est moins frappant. Martha, je pensais aussi comme toi quand elle a quitté Doc Who, sachant qu’elle allait apparaître dans Torchwood. Maintenant, je la trouve bien trop lisse, pour TW, trop première de la classe.

  9. Oui c’est à cause de ta review que ça m’avait encore plus saisie vu que je venais de visionner cet arc là la veille 🙂

    C’était flippant même de songer à ça.

    Martha dans Torchwood pourrait remplacer Ianto comme "confidente". Ils partagent beaucoup de choses tous les deux, bien plus que les autres ne pourraient le comprendre.
    Et puis son côté glande sur pattes irait parfaitement bien dans le décor de tous ces débordements sexuels qu’on y voit.

    Pour le reste, je sais pas comment tu fais pour regarder ces trois épisodes en plusieurs fois. Moi je savais qu’il y avait trois épisodes à la suite, j’ai attendu sagement histoire de ne pas être déçue !

  10. *Martha, je pensais aussi comme toi quand elle a quitté Doc Who, sachant qu’elle allait apparaître dans Torchwood. Maintenant, je la trouve bien trop lisse, pour TW, trop première de la classe.*

    Peut être que son personnage pourrait bénéficier de la façon de travailler des scénaristes, regardez Ianto ou Owen ils ont été modelés et travaillés d’un façon formidable pour atteindre la quasi perfection. Quand on voit leurs évolutions, on se dit que tout est permit.
    Martha moi je n’arrive pas à la détester et je la vois comme une extension du doctor, et puis j’aime beaucoup quand je vois comment est jack avec elle, je le trouve plus détendu, plus ouvert qu’avec les autres, je n’aurais rien contre qu’elle intègre la série, du moment que son personnage soit bien traité.

  11. Je ne trouve pas Martha glande sur pattes pour un sou. Tout au contraire. Je crois qu’elle s’est lancée dans son amourette avec le Docteur parce qu’au fond d’elle elle savait que ça n’aboutirait jamais et que même si c’était le cas, ce serait pas la folle partie de jambes en l’air tous les soirs… Qu’elle embrasse (chastement) deux ou trois mecs sur le chemin, c’est pas franchement ça qui me fera changer d’avis. C’est une séductrice, mais je ne la sens pas du tout dans le même ton que les autres, même à Torchwood. Même avec son chignon et son ton de madame. Sinon, pour les épisodes, j’ai été très patiente, mais avoir un rythme de malade, ça aide. J’ai même fait une pause de deux jours entre le deuxième et le troisième. J’ai l’habitude de faire comme ça. Faut que je pense à la review derrière, et c’est pas évident à caser. Marli : je crois que c’est trop tard pour revoir le personnage de fond en comble, même en la mettant dans une direction différente. On la connaît trop, les autres étaient tout neufs…

  12. Ahhhh ba voilà ça va mieu! Oui, oui même après un episode supra déprimant…Ben heu si quand même un peu lol!

    Bref les sensations ou plutot les non-sensations d’Owen c’en est a glacer le sang! J’ai ressenti tout un malaise, limite mal au coeur, à le voir ne rien ressentir, le "tu peux me toucher mais je ne sens rien..".Super! ahem…

    Bref toutes ces émotions j’ai trouvé ça perturbant mais très bien fait pi je suis contente qu’on lui consacre un épi, parce que je suis désolée mais j’ai été indignée par la mort qu’il lui ont collé…Pour faire joujou avec le cadavre ensuite…

    Bref…Cet épisode était vraiment bien…Pour la jeune femme qui voulait se tuer j’ai aimé qu’on en fasse pas des tonnes sur combien c’était tragique et horrible que son mari soit mort une heure après son mariage, ça rend ça d’autant plus intense.

    Seul point noir, mais qui ne m’a en rien gâché l’épi, c’était Tosh. Ah non mais déjà que c’était pathétique avant, bon ok elle tombe amoureuse c’est pas de sa faute, mais là, comme tu l’as dit, ses je t’aime à tout bout de champ ça commence à sentir le moisi!

    En attendant la suite ^^

    ps : merci pour les reviews. Rituel oblige, que ferais je si elles n’étaient pas là? 😉

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