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622 : 2162 votes

Pour ceux (enfin, les deux ou trois) qui ont suivi, donc, dans le monde de The West Wing comme dans le nôtre, pour endosser l’investiture du parti démocrate américain et devenir un vrai candidat à la présidentielle, il faut 2162 votes. Votes de quoi ? Ah ah, désolée, même moi, je n’ai jamais franchement compris. Est-ce qu’ils mettent les noms dans un chapeau, qu’ils tirent à la courte paille, qu’ils les sortent pour les mesurer, je l’ignore. Toujours est-il que ces maudits « caucus », chaque fois qu’on pose la question soi-disant à un expert, il vous regarde d’un oeil méfiant, tourne sept fois sa langue dans sa bouche et finit par vous dire que c’est très compliqué. Ah.
Au final, donc, un « caucus » est une assemblée d’électeurs (ceux qui veulent, on force personne !) qui élisent les gens qui vont élire des gens qui vont élire des gens qui vont élire… le candidat !

Et ce dans chaque état, donc.

Une fois cette chose faite, à la fin des primaires, tous les candidats qui restent sont réunis lors d’une super soirée où le candidat officiel est annoncé. C’est la convention nationale… démocrate, ici.

Et c’est très très impressionnant. Surtout pour les bouseux qui débarquent du Texas.

Ouhlala, elle est intimidée, Mrs Santos !

Bref, à cette convention, on retrouve les délégués élus tout au long des primaires et ils ont une mission, s’ils l’acceptent : désigner LE candidat du parti. Celui qui aura l’insigne honneur de se faire botter le cul en novembre par Arnie Vinick. L’ennui, c’est que ces braves gens ont du mal à se mettre d’accord, et c’est bien là notre problème. On a toujours quatre candidats, dans l’ordre Russell, Santos, Hoynes et Al Bundy, et aucun qui n’arrive à obtenir le chiffre magique. Donc les délégués de revoter, revoter, revoter… et toujours rien. C’est trop la tehon devant des millions de Ricains qui matent ça à la télé.

Bien évidemment, il suffirait que l’un de ces valeureux messieurs dise, grand seigneur : « Mes bons amis, cessons là ces pitreries. Voici mes votes, bonne chance. »
Surtout Hoynes dont le report de voix aurait de quoi faire gagner Russell ou Santos. Mais non. Alors ça fait pression de toutes parts et sur tout le monde pour savoir lequel lâchera le premier.

Et je peux vous dire que ça stresse à mort. Encore plus, je crois, du côté des bras droits.

(Encore deux centimètres de cheveux en moins sur le front de Josh Lyman.)

(Et des ongles devenus inexistants sur les doigts de Will Bailey.)

Au final, alors que Leo conjure Matt Santos d’abandonner au nom de l’unité du parti, celui-ci demande à s’adresser lui-même aux délégués, auxquels il tient ce discours :

« I had hoped to be standing here tonight under very different circumstances and I have been asked, by people I respect, to take the opportunity to support one of the other fine candidates who have made this race with me. To help decide who our nominee will be, but I can’t do that. I can’t do that because it is not my place to decide who our nominee will be. That decision is yours and yours alone. You know, there’s been a great deal made today of Governor Baker’s decision not to disclose his wife’s minor medical decision. Many people believe that he should have, but I don’t believe Governor Baker failed to disclose it because he was ashamed or embarrassed. I think he didn’t disclose it because we’re the hypocrites, not the Bakers. Because we’re all broken… every single one of us… and yet we pretend that we’re not. We all live lives of imperfection and yet we cling to the fantasy that there’s a perfect life and that our leaders should embody it, but if we expect our leaders to live on some higher moral plane than the rest of us, well, we’re just asking to be deceived. Now, it’s been suggested to me this week that I should try to try to buy your support with jobs and the promise of access’ it has been suggested to me that party unity is more important than your democratic rights as delegates. That’s right, it’s not and you have a decision to make. Don’t vote for us because you think we’re perfect. Don’t vote for us because of what we might be able to do for you only. Vote for the person who shares your ideals, your hopes, your dreams. Vote for the person who most embodies what you believe we need to keep our nation strong and free. And when you have done that you can go back… with your head held high and say, ‘I am a member of the Democratic Party.' »

Et voilà comment Matt Santos remporte l’investiture. Et ce devant une foule en délire.

Et alors qu’on se dit que notre bonheur ne pourrait pas être plus parfait, et que décidément, Matt Santos est bien le seul capable de se mesurer à cette vieille carne d’Arnie Vinick, vlà-t-y pas qu’il s’agirait aussi de nommer un co-listier. Et ce co-listier, c’est Josh qui va le chercher. Et c’est Leo McGarry.

Avec le recul, je me dis que ce choix est incroyable. Ce n’est pas LE choix politique parfait car Leo est un homme de l’ombre, et il aurait pu être plus intelligent de s’assurer quelqu’un d’autre qu’un alcoolique repenti à peine remis d’un infarctus, quelqu’un capable de rallier le nord, par exemple. Mais en choisissant Leo, Josh choisit l’expérience, et aussi la sécurité. Leo, c’est un peu son modèle, son père spirituel, Leo ç’a été pendant six ans le grand chef qui lui a donné des ordres, qui l’a engueulé quand il faisait des conneries. Leo, c’est son modèle, son guide. C’est celui qui l’a aidé à sortir du puits dans lequel il était tombé. Et je suppose que pour surmonter ce lien hiérarchique et paternel parfois étouffant, et enfin finir cette croissance qui traîne en longueur, dans l’ultime saison qui va l’emmener jusqu’au bout de ses ressources, il fallait que Josh le choisisse. Pour constater aussi, comme tous les enfants doivent un jour le faire, que ce père spirituel n’est pas parfait, et pas forcément taillé pour cette mission. Bref, symboliquement, pour trouver sa place, Josh doit tuer Leo. Et c’est ce qu’il vient de faire. Et le plus dingue, c’est que ce n’était même pas prévu.

Brrrr.

Posted by on Jan 3, 2008 in The West Wing | 8 comments

8 Comments

  1. Etonnamment, il semble que le choix de nommer Leo comme VP sur le ticket a été inspiré par le cas Dick Cheney. Lui aussi vieux, lui aussi malade (infarctus à répétition), mais lui aussi bourré d’expérience et de contacts…
    Donc finalement, la fiction a bien imité la réalité…

  2. Il me semble quand même que Dick Cheney était davantage rompu à la communication, non ? Parce que du côté de Leo, quelle cata. J’en étais mal à l’aise pour lui, et j’ai manqué de m’évanouir d’angoisse lors du débat des VP. Et en même temps, je me suis tout de suite doutée que c’est là que serait le gros souci. Comment vendre un type pareil ??? Par contre, vieux, comme tu y vas. Leo a 58 ans, au moment où il rejoint Santos. 😉 Pour en revenir à l’actualité, je ne me souviens plus qui remporte l’Iowa côté démocrate, dans la saison 6. Est-ce que c’est Santos ? Est-ce que c’est mentionné, d’ailleurs ?

  3. Ouais, trop forte la Sorcière !!!

    Santos élu, Josh serait alors son Chief of the Staff et donc en position de botter le cul du Vice-Président en cas de dérapage comme Léo l’a fait avec Hoynes !!!

    Dés fois je regarde trop 1er dégré sans réfléchir, moi qui pensait qu’il voulait juste récompenser Léo de ses années de soutien..

    J’attends la suite avec gourmandise et délectation

  4. Je pense très sincèrement que Josh, inconsciemment, se sent incapable de gérer son ingénu de candidat et tout ce qui va avec sans l’aide de Leo. Il pense qu’il a besoin de Leo, il croit que Leo sera la réponse à beaucoup de ses problèmes, notamment à son manque de confiance en lui car au fond, c’est un personnage qui doute énormément et qui répond à ses doutes par l’agressivité ou par l’arrogance. Je ne doute pas un instant de la confiance aveugle de Josh en Leo. C’est vraiment de la psychologie de bas étage, mais ça m’a sauté aux yeux : il se passe beaucoup de choses pour Josh au moment où la figure paternelle s’efface, dans la saison 7. Enormément. Et s’il n’avait pas choisi d’associer Leo à la conquête de la Maison Blanche pour ensuite que tout tombe à l’eau, je pense que jamais Josh ne se serait rendu compte que non, il n’a pas besoin de Leo pour s’en sortir. Symboliquement, et même si ce n’était pas ce qui était prévu, c’est très chouette cette manière qu’a Josh d’assumer tout ce qui lui tombe dessus, dans divers domaines de sa vie, une fois que Leo n’est plus là. Tout se met en place de manière extrêmement logique et naturelle. Mais j’en reparlerai en temps voulu, bien sûr. 😉

  5. "Est-ce qu’ils mettent les noms dans un chapeau, qu’ils tirent à la courte paille, qu’ils les sortent pour les mesurer, je l’ignore." >
    Ca dépend des partis et des états. Dans la majorité des états, les primaires sont sous la forme d’un scrutin secret où seuls les membres du parti peuvent voter, où on ne peut voter que pour un parti ou encore où n’importe qui peut voter pour n’importe qui.
    On a aussi une autre solution, comme ça semble être le cas dans TWW (j’regarde pas) et comme ça a été le cas avant-hier dans l’Iowa, c’est le caucus (c’est donc un type de primaires). Là c’est un vote où seuls les membres du parti peuvent voter, mais un vote ouvert (genre main levée).

    Au final ça reste en effet hyper compliqué, comme tu dis les citoyens "élisent les gens qui vont élire des gens qui vont élire des gens qui vont élire… le candidat" (tout à fait !).

  6. "Pour en revenir à l’actualité, je ne me souviens plus qui remporte l’Iowa côté démocrate, dans la saison 6. Est-ce que c’est Santos ? Est-ce que c’est mentionné, d’ailleurs ?"

    Il y a un épisode qui est consacré entièrement à la campagne dans l’Iowa (le 6.13).
    Santos est très loin à l’époque, encore inconnu (à s’embourber dans la politique locale). Il fait un score à un seul chiffre et doit terminer dans les derniers des candidats démocrates, si ce n’est le dernier. Sa campagne est d’ailleurs sur le point de s’arrêter.
    Finalement, c’est la semaine suivante, dans le New Hampshire, où il fait un petit numéro sur les chaînes locales qui lui permet de finir troisième de la primaire et de se maintenir pour la suite.

    Quant à savoir qui remporte l’Iowa… Je ne sais plus si cela est mentionné. Sans doute Russel ou Hoynes.

    "Pour ceux (enfin, les deux ou trois) qui ont suivi"
    Je commente très peu ton blog, mais je lis toujours. Un grand bravo pour ton blog, au ton inimitable et aux choix de séries toujours (ou presque :P) extra !
    TWW étant ma série culte par excellence, celle qui a radicalement changé ma vue sur les séries, pour qui j’ai eu le coup de foudre comme je n’ai jamais eu à nouveau, dès le premier épisode, devant France 2 en 2001, et qui demeure la seule série avec laquelle j’ai un tel lien (et que je ne me lasse pas de revoir), j’applaudis tes posts y étant consacrés. ^_^

    Très intéressant ce point de vue selon lequel "Josh doit tuer son père spirituel". Sur le moment, c’était sans doute plus nuancé. La peur de Josh peut être de se lancer dans une telle aventure, seul en charge, sans la figure paternelle de Leo, étant à mon sens prépondérante.
    Ce n’est qu’avec "l’imprévu" au cours de la saison 7, quand la réalité bouscule la fiction, que finalement, quand on revoit ce final de la saison 6, il y règne une intensité et une fatalité tragique quasi shakespearienne qui en était absente initialement.

  7. Merci Heather, ça me touche beaucoup, moi aussi je te lis régulièrement. 😉

    Le 613 me paraît assez loin mais j’ai encore souvenir du débat sur l’éthanol et c’est intéressant car dans la réalité aussi, c’est toujours un sujet brûlant pour la campagne dans cette région.

    Pour ce qui est de la psychologie de comptoir, clairement, ce n’était pas censé être. Ce qui est dingue, c’est qu’involontairement, ça le soit devenu et que ça ait ajouté une telle dimension à la relation entre Josh et Leo. Parce qu’en revoyant le premier épisode de la série, on se rend compte qu’on retombe parfaitement sur nos pattes.

    Au final, je suis presque contente de reviewer la saison 7 après avoir vu la fin de la série. Je pense que je la comprends mieux avec le recul.

  8. Un très bon épisode pour conclure cette saison.
    Quand Bartlet monte sur le podium avec les partisans démocrates clamant: 4 more years!! ca m’a bien ému.
    Et le moment ou chacun promet mont et merveilles aux délégués pour qu’ils votent pour eux est assez marrant.
    Quand à l’iowa c’est bien Russel qui à gagné (y’a une carte des primaires démocrates qu’on peut touver ici: en.wikipedia.org/wiki/Ima…

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