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106 : Pax soprana

Pfiou. Si cette série était plus simple, son héros plus basique, ce serait sûrement beaucoup plus facile pour moi d’en parler. Comment rendre honneur à la complexité de cet individu, à toutes les ramifications de sa personnalité, à l’ambiguité qui l’entoure ? Chaque fois que j’entame une review des Soprano, je m’en veux d’avance de ne pas être à la hauteur.

Le business, d’abord. Ce que j’aime chez Tony Soprano, c’est que derrière ses airs d’Américain parfois très crasse se cache une intelligence hors du commun, un instinct du crime organisé plus que remarquable. Ce gars-là, il connaît son sujet sur le bout des doigts. Cela fait de lui un redoutable manipulateur. Mais en plus de cela, et c’est probablement ce qui le rend encore plus passionnant, il y a l’homme, l’humain, une vraie sensibilité qu’il met au service de son business. Il n’en est peut-être même pas conscient, mais cette sensibilité, cette capacité à lire les gens, il s’en sert, par exemple, pour faire passer des messages subtils à sa mère comme à son oncle Junior, maintenant à la tête de la mafia du New Jersey. D’autant plus quand l’oncle Junior décide de taxer un de ses proches, le fameux juif qui a une tête excellente.

Toutes ces scènes de « famille » sont remarquables.

L’oncle, d’abord, la figure patriarcale, qui a l’air d’un bon pépé inoffensif, surtout lorsqu’il sirote sa San Pellegrino sur son petit guéridon en terrasse…

Oserais-je dire, d’ailleurs, que l’avoir affublé de cette paire de lunettes improbable était l’idée du siècle ? Toutes les scènes entre lui et Tony, par exemple, sont excellentes. Pour tous les sous-entendus, toutes les manips, mais aussi cette tendresse impossible à rater. Et même entre certains des capos.

La scène où Tony explique à Hesh, nouvellement taxé, donc, qu’il n’a pas dépensé sa part de l’agent récolté, et qui la lui rend gentiment, c’est presque émouvant.

Tout ça pour aboutir bien sûr à l’intronisation officielle de Junior, malheureusement photographiée de près par un espion de la police. Voilà qui promet pour la suite.

La famille, ensuite, la vraie. Un épisode crucial, d’ailleurs, pour les Soprano, puisque c’est celui où voyant son mariage couler lentement, Carmela réaffirme sa position en tant que « première » femme de Tony. C’est qu’il a aussi une petite copine de 24 ans, Tony, mais ça, on se rend bien compte que Carmela s’en fout. Elle ne se sent pas menacée par elle.

Et c’est aussi que Tony, il a des sentiments grandissants pour sa psy. Logique.

J’avoue que c’est surprenant, limite obscène, de voir un homme de sa trempe déballer ses sentiments de la sorte. Ca m’a choquée. On n’imagine juste pas qu’il puisse en être capable. Eh bien si. Tony Soprano est décidément plein de surprises. Et avec ça, il est tellement drôle quand il la taquine à propos de sa copine de 24 ans. Comme ça doit être difficile de rester de marbre face à un mec tel que lui.

Et puis au final, Tony se montre encore plus intelligent qu’on ne le pensait en acceptant le fait de ressentir ces sentiments envers sa psy, tout en sachant où se trouve sa vraie vie.

Tony : « Carm, you’re not just in my life. You are my life. »

Bref, passionnant de découvrir les arcanes du milieu, et de suivre ce personnage tellement fascinant dans sa manière de gérer ses affaires et sa vie privée. Clairement, il n’a pas choisi la facilité.

Posted by on Juin 20, 2007 in The Sopranos | 4 comments

4 Comments

  1. Hesh, c’est un cas très particulier dans Les Sopranos.
    Déjà, il est pas italien. En plus, il n’est pas dans "le business" (même si c’est un producteur de musique, donc forcément un peu pourri sur les bords), ce qui en théorie en fait un "civil", donc normalement un gars qu’on pourrait racketter en toute tranquilité.
    Mais en fait non… c’est probablement dû à une amitié de longue date avec le père de Tony. On-ne-rackette-pas Hesh… ou alors un peu, pour le principe…

  2. Oui, on le sent très en dehors, et en même temps très proche. J’ai bien aimé dès le début cette position un peu entre le conseiller et l’ami. J’espère en apprendre davantage sur lui. C’est un personnage très intéressant.

  3. Si tu n’arrives à rendre justice à Tony (je viens de me rendre compte, moi, de mon jeu de mot involontaire…), c’est compréhensible. C’est de l’écriture de Maître. Même Ronnie ne se sent pas à la hauteur…

    Si j’adore Tony, je respecte encore plus Carmela. La jeunette, c’est une chose, mais Melfi, c’est une autre concurrence…

    Autrement je suis arrivé dans la S2, mais je ne sais pas où tu en est vraiment… Tu veux que je t’attende ? 😉

  4. Comme tu veux. Moi, j’en suis là, j’ai vu cet épisode hier soir… 😉 Et moi aussi, j’aime infiniment Carmela. Parce qu’il serait tellement facile de tomber dans le cliché de la nouvelle riche aux ongles french manucurés et aux tenues voyantes. Mais non, elle est toujours juste au bord, sans franchement passer de l’autre côté. C’est un personnage très fin, et très intelligent. Je trouve son couple avec Tony fascinant. Pourtant, après dix huit ans de mariage, ils sont bien loin de l’amour fou. Mais il y a plus.

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