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Les débuts de Ron Moore… Recueillement…

Il y a très très longtemps, dans un pays très loin d’ici, vivait un prince charmant très chevelu prénommé Ronald. Un jour, il rencontra une Sorcière et…

Oui, bon, ok. Dans mes rêves. Et encore.

L’histoire de Ron à Hollywood, c’est un peu le rêve de tout geek fondu de SF qui rédige ses petites fanfics discrétos la nuit… Sauf que lui, c’est un génie.

Il y a quelques jours, sur son blog, Ron a répondu à une question de fan. Voilà pour vous en exclu mondiale française la traduction de ce moment de grâce, par mes soins (enfin, vite fait, hein, soyez indulgents).

Fan :
En regardant votre profil IMDB, j’ai été frappé par la manière dont vous avez débuté dans Star Trek, rien qu’en envoyant un scénario aux producteurs alors que vous sortiez à peine de la fac de Cornell, sans le moindre contact à Hollywood. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur vos expériences à Hollywood avant de décrocher le gros lot ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir scénariste ? Quel était votre état d’esprit lorsque vous avez débarqué sur le plateau de Star Trek : TNG ? Quels conseils donneriez-vous aux gens qui aimeraient devenir scénaristes et qui n’ont aucun contact dans ce milieu ?

Ron Moore :
« Je vivais à Los Angeles depuis trois ans, et j’enchaînais différents boulots avant de travailler sur Star Trek. Coursier, administrateur de contacts (uh ?), directeur du personnel et même réceptionniste dans une clinique vétérinaire. Je dormais par terre chez mon ancien colocataire de la fac qui était arrivé à L.A. un an avant moi et qui essayait également de faire son trou dans le profession. Je recommençais tout à zéro parce que j’avais été remercié de la fac de Cornell, ayant négligé de me rendre aux cours depuis plusieurs… mois. J’y étudiais les sciences politiques et l’histoire tout en louchant vers l’école de droit. Mais entre temps, j’avais réalisé que je ne voulais pas vraiment être avocat. Je voulais être Perry Mason, ce qui était fondamentalement différent.

Depuis tout jeune, j’ai toujours écrit des histoires. Ma mère a toujours un petit livre que j’ai écrit en primaire. J’ai écrit une pièce au lycée, et à la fac, j’ai rejoint une société littéraire. Mais je n’avais jamais envisagé l’écriture comme un métier, jusqu’à ce que je n’aie rien d’autre. Alors j’ai quitté Ithaca, j’ai emménagé avec mon pote et j’ai décidé de devenir scénariste.

En toute honnêteté, je n’étais pas très appliqué. J’ai commencé et arrêté une douzaine de scénarios, voire plus, j’ai essayé d’écrire des scripts pour la télé mais de manière générale, je n’étais pas très concentré et je ne tentais même pas d’améliorer les détestables méthodes de travail qui m’avaient valu mes déboires à Cornell. De petit boulot en petit boulot, je me suis retrouvé en bordure de l’industrie du film et j’ai commencé à sentir ma vie partir lentement à la dérive.

Ce n’est qu’en apprenant que j’allais visiter les décors de Star Trek : The Next Generation que j’ai vaguement entrevu ce qui s’est avéré être une occasion en or. En trois ou quatre semaines, j’ai fait une chose inédite : je me suis assis et j’ai écrit un épisode. Avec le recul, je me demande pourquoi je n’avais jamais tenté d’en écrire un avant. J’étais un immense fan de Star Trek, je ne ratais jamais un seul épisode de TNG. D’instinct, je connaissais le format, la structure et le ton de la série. Mais à cette époque de ma vie, j’avais besoin d’un objectif, d’une date butoir pour m’obliger à me lever du canapé et à faire quelque chose.

Je me souviens que quand j’ai apporté le script à la Paramount, je pensais simplement le donner au type qui me ferait la visite guidée des studios, et que celui-ci serait prêt à le lire juste parce que je le lui demanderais. En vérité, il n’était pas très enthousiaste à l’idée d’accepter un scénario de plus de la part d’un fan (le genre de chose qu’on lui demandait tous les jours) et il a commencé par refuser poliment. Lorsqu’on a quitté son bureau pour se rendre sur le plateau, j’ai laissé le scénario, bien décidé à ne pas accepter « non » comme réponse.

Ce jour-là, on tournait des scènes d’un épisode de la deuxième saison, « Time Squared », sur le plateau 9, là où se trouvent l’infirmerie, les couloirs, l’ingéniérie et le hangar à navettes. On a traversé les décors de l’ingéniérie qui étaient couverts de bâches en plastique et on a trouvé une petite place à l’écart pour regarder Patrick (Stewart) et sa doublure lumière répéter une scène dans laquelle deux Capitaines Picard se retrouvaient ensemble à côté d’une navette de l’Enterprise. C’était passionnant de se trouver à bord de l’Enterprise après toutes ses années passées à l’imaginer. Mais une autre partie de moi se sentait comme à la maison. Habituellement, quand je vis un évènement extraordinaire, une petite voix ne cesse de me répéter : « Regarde bien, profites-en jusqu’au bout, tu ne revivras jamais ça ». J’ai toujours été excessivement conscient de la nature éphémère de la vie et des expériences que l’on fait, depuis mon enfance. Cela m’a toujours incité à imprimer ces moments dans ma mémoire de manière aussi indélébile que possible.

Mais ce jour-là, je ne regardais pas partout histoire de tout mémoriser avant que ça ne s’évanouisse. En fait, je regardais de tous côtés en pensant : « Ne t’inquiète pas, tu reviendras très bientôt ». D’une manière ou d’une autre, je savais que ce n’était pas la dernière fois que je venais sur ce plateau, que ce n’était pas la dernière fois que je me trouvais à bord d’un vaisseau, que j’aurais une autre chance de revoir Patrick. Je me souviens avoir quitté le studio d’enregistrement sans me retourner, sans même un regard de convoitise. Je savais que je reviendrais, mais sans savoir pourquoi.

En revenant dans le bureau de mon guide, j’ai encore insisté pour qu’il lise mon scénar. A la fin, il a dû être touché par ma naïveté ou par mon culot, ou bien par les deux, et il a accepté. Ca lui a plu et il m’a mis en contact avec mon premier agent qui a fait passer le scénario à la série. Sept mois plus tard, j’étais de retour dans les studios, à regarder tourner les scènes du script que j’avais apporté lors de ma visite.

Dire que j’ai eu de la chance serait un euphémisme. Encore aujourd’hui, j’ai du mal à croire à ces évènements qui se sont enchaînés pile au moment où j’ai trouvé la discipline et l’initiative que je m’étais tellement appliqué à éviter pendant trois ans. Je n’ai pas beaucoup de conseils à donner aux gens qui ont envie de percer dans le métier. Je ne connais personne qui a suivi le même parcours que moi. Chaque écrivain a une histoire unique. La seule leçon que j’ai tirée de mon expérience, c’est que je pense que chacun peut y arriver. Le secret, c’est d’être prêt, d’avoir envie et d’être capable de tirer avantage de l’occasion quand elle se présente. C’était mon cas et c’est comme ça que j’ai réussi, mais je connais beaucoup d’autres personnes qui ont eu leur chance et qui l’ont regardée passer pour une raison ou pour une autre. C’est le genre de métier qui vous décourage si vous avez tendance à vous décourager. C’est pour ça qu’il faut le savoir dès le début. »

La Sorcière : « Bon, chéri, il est tard… Viens te coucher, tu finiras de radoter demain… « 

13 Comments

  1. Bon tu sais ce qu’il te reste à faire la sorcière ? écrire un scénar et aller visiter les studios de BSG…

  2. au fait, quelqu’un a vu le premier épisode qu’il a fait?? est ce qu’il est bien?

  3. Merci pour la trad, bon et bien il faut dire que c’est un sacré type, il y a du génie là dessous !

  4. Salut, je viens de regarder le premier épisode de la saison 1 ( et vi !), et y’a quelque chose qui me chagrine. Je ne comprend pas tout, j’ai l’impression d’avoir manqué un épisode. De plus , le zode commence par " previously on…". N’y aurait’il pas un téléfilm ou un épisode pilote qui n’est pas considéré comme faisant parti de la saison 1? J e sais pas si je suis tres clair, ne sachant moi-même pas ce que j’ai manqué…( pour info, l’épisode que j’ai vu, c’est le "33 minutes"…la flotte galactica est poursuivi et fait un bond toutes les 33 minutes…parallement , un mec appartenant visiblement à Galactica est poursuivi sur une planete par une blonde dupliquée, puis sauvé par la jeune fille typée asiatique, celle qui est aussi sur le vaisseau galactica…je présume que c’est un robot….). Bref, je suis un peu perdu et je parle trop. Qui peut m’aider?

  5. En fait, y’a un pilote de 3h qui précède la saison 1, une sorte de mini-série 😉

  6. gné ! 3h !!! J’me disais bien aussi qu’il en manquait un bout…Merci pour le renseignement Barbie !

  7. D’ailleurs si je me rappelle bien, Ron Moore n’est pas le seul scénariste à avoir été fan de Star Trek et à avoir reçu sa chance après avoir envoyé un script à la paramount. Je crois que c’est aussi le cas de René Echevarria (les 4400, Medium), entre autre…

  8. c’est vrai Nightwing , j’avais oublié pour René Echevarria mais je l’avais lu dans un series TV! comme quoi ST c’est quand même une ref pour se faire les dents !

  9. Comme quoi surtout Star Trek est un terrain propice à l’éclosion de talentueux scénaristes, de par la richesse de son univers. Et comme quoi la paramount, à l’époque, n’était pas un réservoir à con comme elle l’est maintenant! (Suffit de voir le sort réservé à Star Trek, que ce soit à la fin d’Enterprise, ou maintenant pour le 11ème film en préparation)

  10. tout a fait d’accord !

  11. Ben j’espère que j’aurais sa chance! On sait jamais…

  12. Ouhla ! 😀

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