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101 : Smoke gets in your eyes

Eh ben dites donc. Ca c’est de la série. J’ose à peine imaginer les cojones qu’il faut avoir pour lancer ce genre de production. Vraiment, il ne faut pas avoir peur de se vautrer. En tout cas, le vautrage est très très loin, là, en ce qui me concerne, c’est parfait en tout point !
J’ai donc revu le premier épisode de Mad Men avec le Dark Side hier soir, après y avoir jeté un oeil en mai dernier. Et j’ai été aussi mystifiée que la première fois. Eblouie par la perfection et ne sachant plus où donner de la tête. Ca donne envie de fermer les yeux pour apprécier pleinement les dialogues acérés. Ca donne envie de se boucher les oreilles pour admirer béatement l’esthétique irréprochable de la série.

Ce générique…

Mais ce générique, quoi…

Ce générique de puuuure folie…

La chute, chute, chute interminable de Don Draper dans ce monde de papier glacé…

Ca s’annonce très difficile de commenter ça. J’en chie, vous ne pouvez pas savoir. D’abord parce que vous avez déjà tous vu au moins trois saisons de ce truc et que donc vous maîtrisez le truc tandis que moi non. Ensuite parce que le contenu est spectaculaire : pas une ligne de dialogue qui ne mériterait d’être retranscrite, pas une capture d’écran qui ne mériterait d’être publiée. Et pourtant, il s’y passe quoi ? Pas grand-chose. Je dirais même qu’on tient là une belle collection de gros branleurs à grande gueule qui passent leur temps à se beurrer la tronche, à cloper, à se congratuler d’être formidables et à claquer les fesses des demoiselles (coolitude, me souffle le Dark Side) avant de se congratuler encore un petit peu. Des demoiselles qui d’ailleurs se prêtent elles-mêmes à ce petit jeu avec une complaisance scandaleuse et ne vivent que pour décrocher un mari parmi ce troupeau de phallocrates notoires, histoire de finir en banlieue à torcher les gnards.
Eh ben je peux vous dire que quand on est plantée face à ça, en 2010, avec 33 balais au compteur, sans alliance, sans moutard et en rotant éventuellement une bière, on a envie de se mettre à genoux et de remercier le seigneur de ne pas être née en 1940. Et surtout, surtout, de n’avoir jamais eu à écarter les cuisses devant un gynéco suffisamment aimable et ouvert d’esprit pour vous refiler la pilule… mais pas encore assez pour ne pas vous déblatérer le sermon qui va avec.

(Oui, c’est votre nuit de noces. Sinon vous êtes une grosse pute.)

Doc : I will take you off this medicine if you abuse it. Easy women don’t find husbands. There’s no need to be the town pump.

Ca, c’est une des deux scènes MYTHIQUES de cet épisode. Qui plantent le décor et le ton. Le gynéco mégot au bec et tout sourire qui vous explique en vous fumant à la foufoune que si vous devenez (sic) une grosse salope, il vous supprime la piloche, euh, oui, c’est c’la et genre ma main dans la gueule, non ? (Quand je pense à toutes les gonzesses qui ont dû se faire traiter de pute pour qu’aujourd’hui on ait le droit de la prendre, cette pilule, sans se faire sermonner, la tête m’en tourne.)

Pauvre Zoe Bartlet Peggy Olson, brave fille comme les autres, vierge jetée en pâture aux lions, portant l’énorme handicap de ne pas être mariée et venant sans doute à Manhattan dans l’espoir d’appâter un mari ou du moins de gagner sa vie en honnête femme.

(Ben petite, c’est pas gagné.)

Chez Sterling Cooper, grande agence publicitaire new yorkaise, elle est acueillie par la formidable et désormais iconique Mrs Reynolds Joan Holloway, plantureuse mère maquerelle secrétaire (dont je n’ai pas de capture vu que j’en ai chié la moitié, mais je me rattraperai par la suite) qui lui explique comment être une bonne petite pute travailleuse bien docile dans ce milieu de proxénètes requins, tout en soulignant qu’elle devrait s’en sortir avec l’outillage technique (a.k.a. une bonne vieille machine à écrire des familles) parce que vous comprenez, ça a été conçu exprès pour des débiles légers femmes.
Voilà. Inutile de dire que j’avais les yeux tellement écarquillés que je me demande comment ils n’ont pas jailli hors de leurs orbites.

Et notre glorieux boss, dans tout ça ? Eh bien Joan nous brosse un portrait du locataire du corner office aussi lapidaire que révélateur.

Joan : He may act like he wants a secretary, but most of the time they’re looking for something between a mother and a waitress. (Youpiiii !)

Oh oui, il est formidable, le personnage principal de cette série, un bon imposteur, fascinant, impérial, sûr de lui, presque rassurant tant il semble que tout ne peut que lui réussir. Pourtant, Don Draper, génie de la publicité, traverse les affres du manque d’inspiration. C’est qu’il doit accoucher d’une campagne percutante pour vendre quoi, on vous le donne en mille… des clopes. Des Lucky. Nous sommes en 1960 et déjà, l’ombre du cancer des poumons plane sur la communauté fumeuse alors que les serveurs de bars reçoivent encore une cartouche par semaine. (Ah ah ah). Mais voilà, Don a beau être un roi de l’hypocrisie, il a aussi ses coups de génie, et c’est à l’arrachée qu’il parvient à offrir à la marque son légendaire slogan (pourtant d’une absurdité exceptionnelle) : « It’s toasted »

(On me souffle dans l’oreillette que ce slogan date de 1917 mais on s’en cogne.)

Bref, Don est un monsieur charmant. Et il sait s’entourer de gens charmants comme sa petite amie, jeune femme libérée qui n’épouse ni ne prépare le petit dej’. Ou le jeune et ambitieux Pete Campbell, charmant itou, sur le point de se marier, qui s’empresse de traiter Peggy comme une grosse merde, ne fait pas encore la différence entre une demoiselle de petite vertu et une jeune dame qui a envie d’être séduite, et se retrouve lamentablement chez Peggy le soir venu parce qu’il a envie de tirer sa crampe. Ladies and gentlemen, nous avons là un gros gros winner.

Et en plus, il est hyper flippant.
Pour en revenir à Don et aux charmantes personnes qui l’entourent, j’ai a-do-ré leur scène avec la nouvelle cliente, Rachel Menken, qui présente le double désavantage d’être une femme (aïe) et juive (ouillouille). Et qu’on accueille avec un cocktail de crevettes. (Elégant.) Difficile de départager si c’est le machisme ou l’antisémitisme qui m’a le plus écoeurée, c’était splendide et dégueu.

Notre valeureux héros a d’ailleurs cette sortie formidable, lorsque Mademoiselle Menken lui rappelle – en gros – qu’elle est là pour lui filer des thunes donc qu’il serait bien gentil de lui pondre une campagne digne de ce nom.

Don : I’m not going to let a woman talk to me like that !

Epouse-moi, Don.

Elle se prend donc une grosse leçon dans la tête, genre mais retourne vendre tes trucs à deux balles dans ta boutique de youpine, ma petite.
En revanche, la leçon qu’elle, elle remet dans la gueule de Draper, c’est immense. Sans conteste ma deuxième scène préférée de l’épisode. D’un seul coup, tout s’éclaire. Don Draper se dévoile dans toute sa splendeur, sa désillusion et son cynisme lorsqu’à la question de pourquoi elle n’est pas mariée, elle répond qu’elle n’a jamais été amoureuse.

Don Draper : The reason you haven’t felt it is because it doesn’t exist. What you call love was invented by guys like me, to sell nylons. You’re born alone and you die alone and this world just drops a bunch of rules on top of you to make you forget those facts. But I never forget. I’m living like there’s no tomorrow, because there isn’t one.

Voilà qui respire le bonheur et la fraîcheur de vivre.

Réponse de la bergère au berger.

Rachel : Being a man must be hard, too.

Vlan.

Oui, sans doute que ce doit être difficile de vendre du rêve quand on n’y croit pas une seconde, de maintenir les apparences, d’être le personnage principal d’une aussi vaste comédie. En tout cas, je n’ai pas envie de plaindre Don de rentrer chez lui un jour sur deux – au mieux, sans doute – pour embrasser sa jeune épouse docile, béate d’adoration et heureuse de voir rentrer le héros qui lui fait l’aumône d’une bise et la sautera peut-être une fois qu’il aura embrassé les enfants. Enfants qu’il ne doit voir qu’endormis, au passage. Top glorieux.

Ah, le tableau final et cette apparente perfection, c’est fou comme on n’y croit pas une seconde. Clap clap, Don.

Bref. Je sens que ça va être formidable d’assister à la construction de notre monde actuel, servie par cette distribution éclatante et par un souci du détail admirable, que ce soit dans les costumes et même dans les silhouettes – on devine les soutiens-gorge de l’époque et les grosses culottes qui vont bien, sans parler des cheveux gominés de ces messieurs -, et dans l’atmosphère aussi. Les petits toussotements gênés à l’évocation de la Russie, l’ambiance très hawaïenne qui se justifie par l’admission de l’archipel dans l’union en 1959, la musique « Easy listening… C’est beau dessus et laid en dessous, c’est tout ce que j’aime. Je crois qu’on va bien s’amuser.

Posted by on Mai 26, 2010 in Mad Men | 20 comments

20 Comments

  1. "Eh ben je peux vous dire que quand on est plantée face à ça, en 2010, avec 33 balais au compteur, sans alliance, sans moutard et en rotant éventuellement une bière, on a envie de se mettre à genoux et de remercier le seigneur de ne pas être née en 1940."

    Amen! (sans le côté religieux..oui enfin je me comprend XD)

    Bref, j’avaisdu regardé le pilote aussi parce que ça me parle vraiment beaucoup ces captures, et le générique…*v*! (Avec Fringe ce sont les séries dont j’aimais déjà le générique avant même de commencer à regarder ^^ ) Mais j’ai tellement été spoilé sur ce qui allait arriver que du coup je n’avais pas poursuivit, en ces temps de disette peut-être qu’il serait bon de reconsidérer ^^

    Et sinon je viens de réaliser que la jolie brune cynique de la fin c’est Tara dans SOA non?! Parce que j’avais vu SOA après le pilote de Mad men du coup j’ai pas relié tout ensemble dès le premier visionnage!

    Bon, se lancer dans Mad Men ou ne pas se lancer dans Mad Men? Telle est la question XD!

    Et merci pour les captures, parce que c’est vrai que visuellement c’est quand même quelque chose cette série!

  2. Ouaip, c’est Tara…

  3. Youhou Mad Men débarque chez la Sorcière!

    Cet évènement mondial (au moins) mérite que je me décide enfin à laisser un commentaire après tout ce temps passé à visiter sur la pointe des pieds…

    Cette série est juste vertigineuse…on pourrait écrire des bouquins entiers sur Don, le "strong,silent type" si loin en réalité de l’image de réussite qu’il affiche, sur Betty la desperate housewife aux faux airs de Grace Kelly, et sur toute la galerie de personnages incroyables qu’on voit défiler au fil des saisons.
    C’est Mad men qui m’a définitivement convaincu qu’une série pouvait être une oeuvre d’art, presque irritante d’excellence^^; même les plus "mauvais" épisodes (une notion très relative dans ce cas) volent très loin au-dessus des fictions actuelles. Et malgré cette espèce de distance, de perfection glacée qui peut dérouter au début, on s’attache vite à ce petit monde et on a envie de découvrir enfin qui peut être Don Draper (et au bout de quatre saisons on est loin d’en avoir fait le tour, ça promet!)

    Je suis toujours en pleine déprime post fin de la 4e saison, ça va être dur de tenir jusqu’à la prochaine…

  4. Eh bien moi je trouve ton timing parfait, parce que j’ai commencé la série il y a seulement quelques semaines et que j’en suis à l’épisode 5 de la saison 1!
    🙂

    (et comme j’évite les spoilers comme la peste, je ne sais rien du tout)

  5. Et bien Sorcière, moi non plus je ne me suis jamais encore aventurée chez les mad men, pourtant en otage sur mon disque dur depuis un certain temps, et je sens que tu vas me mettre le pied à l’étrier (et non pas les pieds coincés dans les étriers comme chez le gygy). Je sirote ma bière en essayant de ne pas trop roter car moi j’ai une alliance (et 3 moutards couchés). Mais après tout je rote si je veux, nan mé quoi ! Bon le temps de finir Sherlock (hélas trop court !!!) et me voilà !

  6. Pourtant depuis le premier, je devrais y être habitués, mais presque chaque épisode me laisse aussi les yeux exorbités ! LOL
    Et Pete Campbell, en plus d’être hyper flippant, il a l’air d’avoir 12 ans et demi ! On dirait qu’il vient visiter le bureau de papa, et en fait ça colle super bien au personnage.

  7. Eh bah écoute, t’affole pas pour les reviews, celle là est absolument parfaite, et vraiment à la hauteur de la série (enfin, de ce que j’en ai vu, puisque je n’ai pas encore attaqué la saison 2).
    Je ne suis pas sûre de commenter à chaque fois, parce que j’ai de l’avance sur toi et je ne voudrais surtout pas te spoiler sans faire gaffe, mais en tous cas, je me suis régalée à revivre l’épisode sous ta plume 🙂

  8. Alleluia !!

    Comme tout le monde, c’est certain. C’est une série tellement riche qu’il est quasiment impossible d’en faire une analyse complète. On est condamnés à la revoir plus d’une fois pour en découvrir d’autres éléments, d’autres aspects…

    S’il est facile de détester Don, Jon Hamm fait un job monstrueux dans ses nuances. Sa performance est à elle seule une ? »uvre d’art dans cette ? »uvre d’art. Le choc n’en est que plus grand quand on le voit ensuite faire le mariole dans les SNL et cie…
    Très beaucoup de tendresse pour Peggy, avec qui l’on découvre tout ça… Je vais éviter de trop en dire, mais j’attends avec (im)patience tes réactions sur son évolution.

    Enfin, c’est dommage pour les caps manquantes. Cela devrait être obligatoire d’avoir au moins une caps de Christina Hendricks pour illuminer les reviews de sa rouquinitude flamboyante ! 🙂

  9. Et pis j’ai failli oublier Roger. Oh, Roger… 😀

  10. Ouep, on ( nous les males ) veux bien une cap’ de Christina Hendricks lol

    Comme quoi il y a une vie après Kévin Hill, Hiiiii

  11. Comme tout le monde, je dirais que c’est une série très bien léchée, fine, avec des personnages que l’on découvre en permanence sous des aspects nouveaux.
    J’aime beaucoup également la dimension "historique", cette peinture des années 60 aux US et des débuts du marketing. Bref. Ravie d’avoir tes reviews à me mettre sous la dent en attendant une saison 5 🙂

  12. Ah que c’est bon de se dire qu’on a quatre saisons devant nous à faire de la psychanalyse de canapé en voyant ces épisodes… miammy miammy!
    Et y a même plein de filles qui s’appellent Marge, c’est magnifique!!

  13. J’ai vu les 5 ou 6 premiers épisodes de Mad Men et j’avoue que j’accroche moyen parce que je ne vois pas bien où ça va… Je n’ai pas encore senti de fil rouge, d’histoire, d’enjeu.

    Mais c’est vrai que c’est magnifique et extrèmement choquant…

    Je me souviens, quand j’ai vu l’épisode 1 pour la première fois, je me suis dit que dans les 2 premières minutes il y avait déjà de quoi faire 15 procès de nos jours…

    En revanche, j’adoooore la coupe de cheveux de Don Draper !!! Je veux la même, mais ma femme me dit que ça ne se fait plus depuis 50 ans…

  14. J’avais essayé Mad Men il y a bien 2/3 ans mais j’ai pas du tout accroché. Je crois que je me suis arrêté après les deux premières épisodes. Après ça, j’étais pas du tout curieuse de voir la suite. Le cadre oppressant des années 50 m’a pas emballé mais ça peut être marrant de jeter un coup d’? »il à tes reviews. 😉

  15. Je viens de revoir l’épisode 1 (en VF cette fois) et j’ai deux petites remarques :

    1) Je ne pense pas que la femme de Don se fasse la moindre illusion au sujet de son mari. Elle me donne l’impression d’être une de ces secrétaires qui a réussi il y a 7-8 ans à décrocher le gros lot en la personne de Don. Elle a sa maison, sa compagne, ses moutards. L’objectif est atteint mais l’amour et l’homme idéal, non. Mais elle n’en rêve même pas.
    2) Le personnage de Peggy est le plus intrigant je trouve. Elle a l’air d’être une belle petite oie blanche mais beaucoup de choses dans son comportement indiquent qu’elle a une idée derrière la tête. Elle est beaucoup moins naïve qu’elle en a l’air, à mon avis.

    Mais vu que je n’ai pas vu qu’un épisode, je peux me planter totalement ^^

  16. Mais de toute façon, tout le monde est en représentation, moi c’est ce que j’ai compris et c’est ce que j’avais tenté de faire passer dans mes commentaires… du premier au dernier, jusqu’à effectivement Mrs Draper qui donne le change et nous offre ce tableau exquis… alors qu’on sait que tout n’est que du flan et que cette gentille petite famille est forcément assise sur une bombe à retardement.

  17. (Et je me méfie des VF qui peuvent parfois faire passer une « intention » différente.)

  18. Au temps pour moi, j’ai cru comprendre que seul Don était en représentation. Alors nous sommes d’accord.

    Oui la VF est à double tranchants mais je viens de me relancer sur le 2è épisode en VO et bonjour comment je rame… je finirai d’ailleurs une autre fois ! 😀

  19. Je comprends pas, comment tu fais d’habitude ? VOST, non ? o_O

  20. De moins en moins. Doctor Who rarement, Torchwood toujours (parce que je ne les ai pas sans !!!), Modern Family ou The big bang theory jamais (toujours en VO)… Misfits avec sauf le dernier (qui est passé comme une lettre à la poste). House, ça dépend, je préfère avec. Mais alors Mad Men sans, c’est vraiment hard ! ? »_o

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